Champs-contrechamps

Moons, vous ne ferez jamais rien de bon dans la vie

Depuis toute petite, je ronge mes crayons et mes ongles, c'est dire.
Dans la classe, je respirais les encriers et j'avais jamais mon ardoise.
J'avais manqué l'école, et sur mon cahier la maîtresse avait noté, en jambages écarlates, à la rubrique "conjugaison" : Plus-que-parfait. J'en avais d'abord nourri une autosatisfaction que je trouvais légitime, avant de comprendre, ce qui n'était pas mon fort, que les temps se multipliaient comme des chiures de mouche.
Il y avait donc un temps pour tout.
Le présent était imparfait, le passé simple, composé ou antérieur. Les subjonctifs, les gérondifs, les impératifs, les conditionnels. Déjà, on me mélangeait les crayons.
Je suis. J'étais. Je serai. J'aurai fu. J'eusse pu futer. Si je l'eusse été un peu plus. Et aujourd'hui, je ne discuterais peut-être pas avec n'importe qui !

30 juillet 2010

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