23 septembre 2010

Lamartine (1790-1869)

Martine a 56 ans aujourd'hui. Son papa, Marcel, 80 ans, se souvient :

- Martine, elle a commencé à la ferme, comme nous zôtes. Elle a pas pu s'empêcher de rêver à des trucs comme d'aller en voyage, au cirque, à la foire, au théâtre, au camping. Et même à l'école. On avait assez de souci avec la biquette et la récolte de patates qu'était bouffée avant d'êt' vendue, le toit qui s'effrite et l' Benoît qui en fiche pas une (y veut rentrer dans le désordre). Enfin, c'est vieux tout ça. Maintenant, l' principal c'est qu'elle sait faire le jardin, la cuisine et du vélo. Par chez nous, les vélos, c'est ben pratique pour faire les courses.

Aujourd'hui, Martine vit à Plurien, village des Côtes du Nord (Aodoù an Hanternoz, en langage autochtone, sis dans l'arrondissement de Saint-Brieuc, arrondissement de Pléneuf-Val-André, code postal 22240). Avec son mari, Adalbert, facteur, natif d'Arnac la Poste (sis en Haute-Vienne, arrondissement de Bellac, canton de Saint-Sulpice-les-Feuilles, code postal 87160, où subsistent encore de très beaux restes de  l'église Saint-Martial du douzième siècle, fortifiée au quinzième).
Ils vivent heureux et attendent un soixantième enfant.

7 commentaires:

  1. Ce Marcel (80 ans), il ressemble à s'y méprendre à un parisien en train de se foutre de la gueule de celles et de ceux qui exposent, une fois l'an, au Salon de l'Agriculture.

    Signé : un auteur de lettres provinciales

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  2. Salon de l'Agri(culture) suivi de peu du reste par un autre Salon où s'exposent, une fois l'an, de curieux spécimens. Et qui font bon ménage, ma foi, dans le respect de chacun.

    "Les Vallin étaient à table, en train de manger
    avec lenteur des tranches de pain qu’ils frottaient
    parcimonieusement avec un peu de
    beurre piqué au couteau, dans une assiette
    entre eux deux.
    M. d’Hubières recommença ses propositions,
    mais avec plus d’insinuations, de précautions
    oratoires, d’astuce.
    Les deux ruraux hochaient la tête en signe
    de refus ; mais quand ils apprirent qu’ils
    auraient cent francs par mois, ils se considérèrent,
    se consultant de l’oeil, très ébranlés.
    Ils gardèrent longtemps le silence, torturés,
    hésitants. La femme enfin demanda :
    - Qué qu’ t’en dis, l’homme ?
    Il prononça d’un ton sentencieux :
    - J’ dis qu’ c’est point méprisable.
    Alors Mme d’Hubières, qui tremblait d’angoisse,
    leur parla de l’avenir du petit, de son
    bonheur, et de tout l’argent qu’il pourrait leur
    donner plus tard.
    Le paysan demanda :
    - C’te rente de douze cents francs, ce s’ra
    promis d’vant l’notaire ?
    M. d’Hubières répondit :
    - Mais certainement, dès demain.
    La fermière, qui méditait, reprit :
    - Cent francs par mois, c’est point suffisant
    pour nous priver du p’tit ; ça travaillera
    dans quéqu’z’ ans c’t’ éfant ; i nous faut cent
    vingt francs."
    Signé Maupassant, Guy de, « Aux champs », in Contes de la Bécasse.

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  3. J'l'avons ben connue, la Martine, toujours à courir partout : alle fonce, alle fonce, c'est ben tout c'qu'alle sait faire !

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  4. Alle fonce, alle fonce, et quelquefois passe des jours entiers au jardin, dans les prés, dans quelques verts sentiers creusés sur les coteaux par les boeufs du village, tout voilés d'aubépine et de mûre sauvage. Alle va finir par s'prendre les pieds dans les lacs, la Martine !

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  5. Sûr qu'à foncer ainsi, alle finira à Laque, à demi-française !
    Quand on descend de l'Alix, quoi de plus naturel que de finir dans la Lys ?

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  6. Les heures ne suspendent point leur fuite ; ce n'est pas l'homme qui arrête le temps, c'est le temps qui arrête l'homme. (Château-Brillant)

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