27 novembre 2010

Au placard

La maîtresse vient d'en être informée, les enfants, ces excroissances dont la nature a cru devoir vous doter au jour de la première heure de la première seconde du premier nano instant de votre premier cri, ces manifestations de votre moi tapi derrière votre quant-à-soi tremblotant (voire inerte) devront, dès tout de suite, passer par la moulinette de la circulaire qui circule sous les dehors rentrés de vos circonvolutions encrassées : va falloir tout remettre en ordre.
Vos bouches, vos crayons, vos oreilles, vos doigts (auriculaire en particulier), vos langues et autres plumes.
Il y a des placards numérotés dans le couloir :
- les haricots et les petits pois : placard n° 1 (ne confondez pas avec vos chaussures de marche).
- les lentilles (de contact) : placard n° 2. Avec les lunettes des affligés de double vue.
- les champignons hallucinogènes : placard n° 3, avec les boîtes de Coca, ce qui devrait laisser largement de quoi faire.


Pour ceux qui ne trouveraient pas à se ranger, le placard n°4 accueille les pièces de monnaie.


19 novembre 2010

A contresens

Le sens propre, contrairement à ce que l'on peut se figurer, n'est ni nettoyé, ni rasé de frais, ni même un sens qui serait l'apanage d'une personne soigneuse. Ce serait manquer de sens commun que de croire que le sens, quand il n'est pas soigné, pourrait se satisfaire d'être réduit à un simple système récepteur.
Le sens figuré, commun à bien des espèces, n'appartient pas à une personne ou à une chose, ou à un animal. Le sens figuré s'en lave les mains, ça tombe sous le sens, il fait des phrases agréables à l'oreille, il rhétorique, il métaphore, il batifole, il se vautre dans la soue, il se nourrit d'un rien, de tout.
Exemple :
Il avait cramé de vieux journaux, alors que Clara brûlait d'impatience de se voir apporter des nouvelles fraîches et un grand verre d'eau. Elle nourrissait pour lui une profonde amitié, et dans la vallée impénétrable, ils se réunissaient autour du feu. Elle avait les joues écarlates. Ils avaient le coeur bien lourd après avoir porté tous ces paquets. A force de raisonnement, ils décidèrent de se faire construire une maison, quand le ciel s'embraserait à l'ouest. C'est alors que l'entrepôt explosa.


Cela fit beaucoup rire le cochon.

10 novembre 2010

L'appa(dis)parition

Ca devait bien arriver. Ce n'est pas faute de vous avoir avertis : ne pas parler aux inconnus, ne pas accepter de bonbons sortis de dessous les imperméables, ne pas monter dans des voitures sans freins (sous peine de les ronger), i tuttti quanti.
La maîtresse a reçu la visite ce matin d'une pauvre mère éplorée, venue en stop de Baden-Baden (revoyez vos cartes), après être passée par Strasbourg où un brave camionneur prénommé Bébert, ému par sa détresse, l'a déposée aux portes de la capitale, non loin de la Maison de la Radio. Cette pauvre femme, ployant sous un sac à dos improbable a surgi à la porte de l'école, épuisée, le cheveu en bataille et nauséeuse après des heures passées à discuter avec des gaz échappés d'on ne sait quelle pompe à gasoil à deux balles.
Notre petit Christophe, redoublant émérite, a donc disparu.
Mais a-t-il vraiment disparu, hum ? Nous le connaissons bien.